Avec la démocratisation rapide de l’intelligence artificielle (IA) générative et des outils no-code ou low-code, un nouveau phénomène émerge dans les entreprises : le Shadow AI. À l’instar du Shadow IT, le Shadow AI désigne l’utilisation d’outils et de solutions d’IA par les collaborateurs sans validation ni supervision par la direction informatique ou les responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI).
Ce phénomène, bien qu’il puisse être vecteur d’innovation, comporte de nombreux risques. Cet article vous aide à comprendre ce qu’est le Shadow AI, à identifier ses impacts et à mettre en place des actions concrètes pour en garder le contrôle.
Qu’est-ce que le Shadow AI ?
Le Shadow AI correspond à l’utilisation de solutions d’intelligence artificielle — comme ChatGPT, Google Gemini, Mistral, ou des outils d’automatisation basés sur l’IA — sans l’approbation ni la supervision du service informatique ou de la DSI.
Exemples concrets :
- Un commercial utilise ChatGPT pour rédiger des propositions commerciales personnalisées.
- Une assistante RH s’appuie sur une IA générative pour rédiger des fiches de poste.
- Un chef de projet utilise un outil IA pour analyser des données confidentielles sans passer par la BI officielle.
Pourquoi le Shadow AI se développe-t-il ?
- Accessibilité des outils : de nombreuses IA sont disponibles en ligne gratuitement ou via des abonnements personnels.
- Gain de temps évident : l’IA permet d’automatiser ou d’accélérer certaines tâches à faible valeur ajoutée.
- Manque de cadre ou de sensibilisation : dans beaucoup d’entreprises, il n’existe pas encore de politique IA claire.
Les risques associés au Shadow AI
L’usage non encadré de l’intelligence artificielle expose l’entreprise à plusieurs risques majeurs :
1. Fuite de données sensibles
Lorsque des collaborateurs utilisent des outils IA externes pour traiter des données internes, ces informations peuvent être stockées sur des serveurs tiers sans garantie de confidentialité.
2. Non-conformité réglementaire
L’entreprise peut enfreindre le RGPD ou d’autres réglementations (notamment sur les données personnelles ou professionnelles) si les outils utilisés ne respectent pas les obligations légales.
3. Problèmes de cybersécurité
Le Shadow AI élargit la surface d’attaque de l’entreprise : chaque outil non validé est une porte d’entrée potentielle pour des cybermenaces.
4. Décisions biaisées ou erreurs
Certaines IA peuvent produire des résultats erronés ou biaisés, surtout si elles sont mal utilisées ou mal entraînées.
Comment détecter le Shadow AI dans votre organisation ?
Voici quelques signaux d’alerte :
- Des résultats ou contenus produits trop rapidement ou avec un style “robotique”.
- Des applications ou plugins inconnus installés sur les postes.
- Des fichiers partagés via des plateformes d’IA externes.
Un audit de maturité numérique, incluant une revue des usages digitaux réels (et non seulement déclarés), peut être utile pour faire émerger ces pratiques.
5 bonnes pratiques pour encadrer le Shadow AI
1. Éduquer et sensibiliser les collaborateurs
Former les équipes sur les usages responsables de l’IA, les notions de données sensibles et les limites des outils d’IA grand public.
2. Mettre en place une charte d’usage de l’IA
Établir des règles claires sur les outils autorisés, les types de données à ne pas traiter, et les bonnes pratiques de sécurité.
3. Proposer des solutions IA internes encadrées
Plutôt que de bloquer l’IA, proposez des outils validés (API OpenAI avec proxy interne, solutions SaaS sécurisées, copilotes internes, etc.).
4. Impliquer la DSI et les métiers dans les projets IA
La gouvernance IA doit être transverse : métiers, IT, juridique et sécurité doivent collaborer.
5. Auditer régulièrement les usages
Surveillez les nouveaux outils utilisés sur le réseau, auditez les postes utilisateurs, et interrogez régulièrement les équipes sur leurs pratiques.
Conclusion
Le Shadow AI n’est pas forcément un mal en soi. Il révèle une envie d’innovation et de gain de productivité. Mais il doit être encadré, sécurisé et aligné avec la stratégie numérique globale de l’entreprise.
Plutôt que de le réprimer, adoptez une posture proactive : formez, outillez et accompagnez vos équipes vers une IA responsable, éthique et conforme.